
Les Champs Elysées, la Tour Eiffel, la place de la Concorde… et si vous laissiez tomber un instant le Paris des touristes pour vous aventurer dans le Paris plus underground? Je vous propose de mettre de côté les paillettes et de plonger dans un univers étrange, loin des regards des passants, où le temps (et les graffeurs..) ont laissé leurs traces. Chers amis, bienvenue dans la Petite Ceinture.
(Vous tenez au Paris plus glamour? Cet article sur le Marais vous plaira davantage.)
C’est quoi, la Petite Ceinture ?
En deux mots, la Petite Ceinture est le nom donné à une ligne de chemin de fer intra-muros qui faisait tout le tour de Paris sous le Second Empire. Le train fut en service de 1862 à 1934, après quoi les voyageurs commencèrent à privilégier le métro fraîchement inauguré… au point de stopper complètement l’exploitation du train. Depuis tout ce temps, la ville de Paris a aménagé certains tronçons de la voie, mais la grosse majorité est restée tout bonnement abandonnée à son sort. Vous vous êtes déjà demandé d’où sortaient ces ponts ou voies désaffectés visibles un peu partout dans la capitale, tantôt en hauteur, tantôt en contrebas de certains parcs? Voilà votre réponse.
Vous verrez ici une carte complète de la Petite Ceinture par l’association « Sauvegarde Petite Ceinture »
On l’a dit, la Petite Ceinture fait tout le tour de Paris. A vous, donc, de choisir quel tronçon vous intéresse. Je vous propose dans cet article de faire un petit tour du côté du 19ème arrondissement! Cette portion va de la rue d’Aubervilliers jusqu’à un tunnel sous la rue de Belleville. Elle passe par la gare du pont de Flandres, la seule qui subsiste parmi les 4 jadis en service dans le 19ème.
Comment on y accède ?
En fonction d’où vous voulez commencer à explorer la Petite Ceinture du 19ème arrondissement:
En métro : ligne 7, Corentin Cariou ou Ourcq ou Buttes Chaumont
En bus: ligne 60, Rosa Parks ou Manin
En RER: le E, gare Rosa Parks.
Que l’exploration commence…
C’est dimanche. Les lieux publics, cafés et restaus sont fermés (merci covid), mais en dépit du froid de janvier, le temps est au beau fixe. L’envie nous prend, à mon ami Leo et moi, de partir en excursion dans Paris. J’ai trop souvent entendu parler de la Petite Ceinture, sans pousser la curiosité jusqu’au bout, mais aujourd’hui on va remédier à ça! On commence notre ballade au niveau du parc des Buttes Chaumont, où on trouve assez rapidement un accès à cette portion normalement interdite (psst, si vous êtes malins, vous la trouverez aussi!). Et ainsi débute notre petit périple au fil des rails.


Quel étrange sensation de se retrouver dans un lieu vide, silencieux et abandonné, et ce à quelques mètres à peine du tumulte parisien. Hormis les deux autres curieux que vous voyez sur la photo, on ne croisera pas âme qui vive. On découvre aussi Paris depuis des perspectives tout à fait uniques, en survolant telle avenue ou en longeant telle arrière-cour. Ce n’est pas le Paris tout beau tout propre d’Instagram, mais il n’en est pas moins fascinant!
On continue sur quelques centaines de mètres pour arriver devant un grillage fermé, avec des ouvriers qui travaillent derrière. On décide de ne pas faire les malins et de redescendre vers la rue pour trouver un nouvel accès plus loin. A ce point de la ballade, sachez que la Mairie de Paris a ouvert en mars 2020 une portion de la petite ceinture dans le 19ème. Longue de 230 mètres, elle s’étend de la rue de Thionville au 2 bis rue de l’Ourcq. L’ensemble a été pensé comme un corridor écologique permettant à la faune et la flore de cheminer entre le parc des Buttes Chaumont et le parc de la Villette et ses canaux. Vous pouvez accéder à ce tronçon depuis la rue de Thionville. Vous passerez devant la Ferme du Rail, première ferme de polyculture et d’insertion à Paris et qui a son propre restaurant. Bon à savoir donc, même si c’est carrément moins drôle que de visiter les tronçons abandonnés !


On reprend notre exploration de la partie interdite au niveau du Canal de l’Ourcq. Levez les yeux et vous verrez comment il est possible d’y accéder 😉 Cette partie est vraiment sympa à voir, avec son imposant pont métallique qui enjambe le canal. Hormis certains qui nous fixent d’un air un peu amusé, la plupart des passants en contrebas ne semblent même pas nous remarquer.


Une vingtaine (trentaine? difficile d’avoir une notion du temps dans un lieu pareil) de minutes de marche plus loin, on tombe sur un visage qui nous fixe au loin. Cette œuvre de street art se trouve sur la façade de la Gare Jazz. Cette gare abandonnée du pont de Flandres a été transformée en nouvel espace de vie, à l’instar de la Recyclerie ou le Hasard Ludique. Il s’agit ici d’un bar-club musical qui propose des concerts de jazz. Je ne connaissais pas avant de tomber dessus, mais son aspect m’a beaucoup plu, avec ce sublime graffiti qui ramène à la vie ce lieu jadis désuet.

Comme vous le voyez, une barrière nous empêche de nous rapprocher du bâtiment. On la saute pour se rendre compte qu’on atterrit dans un tronçon ouvert au public! En effet, la partie qui va de l’avenue de Flandres, où nous sommes, à la gare Rosa Parks 590m plus loin, a également été aménagée par la Mairie. Sympa pour admirer les oiseaux et petits reptiles du coin aux beaux jours, mais aussi pour photographier la fameuse Gare Jazz de plus près.
Le petit mot de la fin:
Pour que les choses soient claires: oui, certaines parties de la petite ceinture sont laissées à l’abandon et fermées au public. Je vous donne dans cet article les accès des parties ouvertes, mais on n’entrera pas dans le détail des parties fermées… Et puis, chercher fait tout de même partie du jeu ! En faisant un peu preuve d’imagination, suivez simplement le chemin de la voie à travers la ville et vous ne tarderez pas à trouver des passages ici et là. Il ne m’est rien arrivé en explorant ces tronçons, à pars peut-être me salir en escaladant une grille… mais techniquement cela reste interdit. J’ai eu vent de certains malchanceux qui ont dû payer des amendes, donc si vous vous y aventurez, faites profil bas 😉